Kim ou l'homme aux deux visages

Kim Tae Won est né à Seoul le 14 février 1993. Malheureusement il ne connaît pas très bien cette ville, ni le pays qui l'a vu naître car ses parents ont déménagé pour le Texas quand il n'avait que cinq ans. Alors oui il parle un coréen car c'est sa langue natale et que ses parents l'utilisent encore, surtout quand ils s'engueulent. Mais c'est bien la seule chose qui lui reste de ses origines. Car même sa nationalité à changé, aujourd'hui il est américain. Même si pour les texans il n'était qu'un "chinetoque". Oui parce qu'il faut bien savoir que la plupart des gens - des ignorants- pensent que tous les gens aux yeux bridés sont asiatiques et que tous les asiatiques sont des chinois.

Les parents de Kim lui répétaient toujours qu'il était un privilégié, qu'il n'avait rien à envier aux autres, qu'il n'avait pas de raison de se plaindre. Mais en fait, ils disaient cela parce qu'ils ne voyaient rien ou ne voulaient pas voir. Car leur fils n'étaient pas heureux. Oui, ils étaient riches. Son père était un riche industriel, quand à sa mère elle était avocate. Mais aux yeux de Kim cela n'avait pas d'importance car l'argent ne faisait pas le bonheur. Il permettait de vivre confortablement mais il n'aidait pas à avoir des amis. Enfin si, mais ce genre d'amis n'était forcément pas les bons. Ce que ses parents ne savaient pas c'était que la plupart de ses camarades d'école se fichaient de lui, l'insultaient sur ses origines, le bousculaient, lui lançaient des boissons au visage ou lui faisait encore tout un tas d'autre chose. Effectivement il ne se plaignait pas, car il n'était pas du genre à pleurer sur ses malheurs ou à demander de l'aide. Il se contentait juste d'encaisser, de maudire intérieurement ces idiots. Et surtout il accumulait et accumulait et petit à petit il se renfermait, s'endurcissait. Au point de devenir un peu comme ses idiots en s'énervant, en se moquant. Oui son humour était une arme des plus incroyable. Malgré lui, il devenait comme ceux qui le blessait. Attention il ne s'en prenait pas aux faibles, il n'était pas devenu un crétin, enfin sauf pour certain. C'est dans cette atmosphère qu'il grandissait, mais ce n'était pas toujours si terrible car par chance il y avait sa grande soeur pour le câliner ou encore ses amis pour l'écouter, le soutenir et lui faire oublier un instant ses galères. Et il y avait aussi le sport, la musique, la danse,  la photographie et les bouquins. Toutes ces petites choses lui permettaient de mettre du positif, des doses de couleurs dans sa vie parfois si terne.

Plus il grandissait et plus il arrivait à oublier les idiots que la vie mettaient sur son chemin. Ou plus il arrivait à riposter, à gagner car il grandissait, mûrissait. Jusqu'au jour où l'adolescent devint un homme. Et tout ce dont il rêvait était de devenir un artiste. Il voulait devenir danseur et pourquoi pas aussi chanteur. Il fut un moment où il souhaita même devenir photographe ou journaliste. Mais il abandonna ces idées, non pas qu'il ne se sentait pas capable ou que ça ne lui plaisait plus. Mais parce qu'avec le temps il comprit que la danse, la musique était son avenir alors que la photographie était un loisir et non une passion. Autant vous dire que ses parents n'ont pas apprécié ses choix. Enfin, c'était surtout son père qui n'était pas ravi. Car sa mère comprenait ce qu'il ressentait, elle avait toujours su que son fils avait le rythme dans la peau. Tout petit déjà il ne cessait de se trémousser et il ne pouvait passer un moment sans musique. Comme si le silence lui faisait peur ou le mettait mal à l'aise. Il y avait peut-être un peu de cela, mais le plus vrai était surtout que pour lui la vie sans son était presque la mort. Alors elle prit la nouvelle mieux que son mari, car elle n'en était absolument pas surprise. Mais son mari, lui, espérait que son fils fasse de grandes choses. Qu'il devienne quelqu'un d'important. Comme avocat ou bien médecin ou même architecte ou qu'il travaille dans les affaires. Mais il espérait autre chose qu'un type qui secoue ses reins et ses fesses sur de la musique. Pour lui ça n'avait rien d'un travaille, c'était tout au plus un amusement. C'était indécent avait-il dit mais peut-être était-ce parce que son père confondait danseur et stripteaseurs ou gogo-dancer.

Enfin toujours est-il que malgré quelques cris, disputes et autre. Son père comprit que son fils ne pourraient faire autre chose car il serait bien trop malheureux. Il fini donc par céder, surtout que sa femme et sa fille, étaient-elles aussi contre lui. Mais il demanda à son fils de faire de son mieux. Et Kim lui promit qu'il serait le meilleur. Que son père serait fier de lui. Et Kim tentait de tenir cette promesse. Il se battait comme un fou pour devenir le meilleur. Il travaillait tout le temps ou presque. Il ne cessait de réviser ses cours et de répéter ses chorégraphies, ses chansons. Beaucoup disait de lui que c'était un acharné, un ambitieux ou encore un faux-cul. Mais ce qu'il ne savait pas c'était la rage qui l'habitait. Il voulait être bon pour son père mais aussi pour lui. Il voulait prendre une revanche sur la vie et sur tous ceux qui s'étaient moqués de lui. Il voulait aussi que ses proches, ses amis soient fier de lui. Il voulait prouver qu'il valait quelque chose. Et même si parfois cela passait pour de l'arrogance. Même si parfois ses pieds saignaient et ses muscles lui faisaient mal. Même si parfois il était crevé et fatigué. Il continuait car c'était son avenir qu'il était en train de dessiner.  

Cela fait déjà un peu plus d'un an qu'il est à Boston. Sa famille et les quelques amis qu'il avait à Houston lui manque. Mais il n'en pouvait plus d'être là-bas et surtout l'université n'avait pas vraiment un bon niveau en arts et surtout dans les options que notre jeune homme souhaitait prendre. Le plus miraculeux était, que Kim avait même décidé d'intégrer une confrérie. Après tout ce n'était pas vraiment son genre. Mais il avait promis à sa soeur qu'il essaierait de s'intégrer. Qu'il ferait des efforts pour ne pas rester seul tout le temps et se faire quelques amis. Les confréries étaient un bon moyen pour cela. Puis il aurait peut-être la chance de rencontrer des personnes qui partagerait les même goûts que lui en matière de musique, de danse et autre.