Tant pis, on est pas né sous la même étoile.

Dunkerque, 19 juillet 1994.

Un petit garçon blond, bien en chair poussait son premier cri à l’hôpital de cette ville grise du Nord de la France. Ce petit garçon, c’était moi et je crois que j’aurais mieux fait de ne jamais venir au monde vu ce qui m’attendait. Mon père était mort quand ma mère entamait son cinquième mois de grossesse et en plus elle n’était pas quelqu’un de stable. D’après ce qu’on m’avait raconté, elle se droguait, buvait, menait une vie de débauche comme si elle n’avait pas conscience que j’étais dans son ventre et qu’elle devait prendre soin de moi. Même avait que je naisse ma vie était déjà chaotique.

Pourtant, mon enfance fut assez heureuse, ma mère arrivait à subvenir à mes besoins malgré ses travers, elle arrivait à me rendre heureux. Enfin, c’est ce que les photos de cette période transcrivaient. Cinq ans après ma venue au monde, mon petit frère Tony naquit. Maman était de plus en plus débordée avec nous deux, puis son problème de drogue ne s’arrangeait pas et elle changeait de compagnons comme de chemise. Nous vivions également dans un appartement insalubre, petit et austère. Je sais que je n’ai pas de bons souvenirs de là-bas. Disons-le clairement c’était l’enfer. Alors face à cette situation précaire, mon institutrice de l’époque prévint les services sociaux. Je fus placé suite à la décision du juge dans un foyer et ce jusqu’à ma majorité. Ce jour-là ma mère s’est dédouanée en disant au juge que c’était de ma faute si elle était à bout car apparemment j’étais un garçon de six ans intenable.

Mais ce placement fut terriblement pour moi. J’étais infâme dans mes familles d’accueil faisant payer à mes parents adoptifs mon abandon qui était plus que douloureux pour moi et je leur faisais vivre un enfer aussi pour d’autres raisons plus profondes qui n’avaient aucun lien avec mon passé ayant surgies durant mon adolescence. Je ne voyais jamais le bout du tunnel, j’étais toujours en rébellion, rempli d’un mal-être constant. Je n’arrivais pas à m’en sortir et dès que quelqu’un me tendait la main je rejetais vivement son aide. Je voulais réussir par moi-même et je ne voulais dépendre de personne. Alors à cause de ma violence et mon tempérament je changeais de centre ou de famille d’accueil à peu près tous les deux mois.

Cependant, j’aimais énormément ma mère au-delà de toutes les souffrances qu’elle a provoquées. Elle était ma seule confidente, la seule personne en qui j’avais confiance. Je n’avais aucun secret pour elle sauf pour une seule chose, et je priais pour qu’elle ne le sache jamais.

Malgré ce comportement destructeur, j’étais un excellent élève, passionné par l’espace et tout ce qui touche de près ou de loin à l’astronomie ou à la science en général. J’étais très curieux comme garçon et je me passionnais pour beaucoup de choses voulant être au courant de toutes les nouveautés et tout connaître sur le bout des doigts. A cause des clichés, en voyant mon comportement, énormément de gens étaient étonnés de voir que j’étais aussi bon à l’école. J’eu alors mon brevet, mon baccalauréat scientifique et ma licence d’astrophysique haut la main. Mais pour ma première année de master, j’avais envie d’ailleurs. J’en avais marre de la France, marre de cette région et de cette ville qui me rappelaient de bien trop mauvais souvenirs. Je voulais qu’on m’oublie, me refaire une peau neuve et mon désir de départ se porta tout de suite sur les Etats-Unis et plus particulièrement sur la ville de Boston qui était réputée pour être dotée de la meilleure université. Je ne réfléchis pas longtemps et je partais vite en direction de cette grande ville en ayant mis toutes mes économies d’une vie dans ce voyage entre autre pour me payer le billet d’avion, mon appartement et l’année à la fac.

J’arrivais en juillet à Boston, le temps que je m’installe confortablement, que je me familiarise avec la ville, les gens et aussi pour que je me trouve un travail avant la rentrée car j’étais maintenant sans le sous et il fallait que j’ai de quoi vivre ici. Ce job de caissier dans ce fast food m’allait très bien et je n’en demandais pas plus parce qu’il allait me laisser amplement le temps d’étudier. Après ces deux mois passés à Boston je pouvais dire que j’étais vraiment heureux, j’avais vraiment l’impression de renaître et que personne n’allait interrompre ce moment de bonheur. J’espérais juste que ça durerait le plus longtemps possible comme je ne m’étais jamais senti aussi bien dans ma vie.