On ne vit qu'une seule fois... et moi je vis pour toi ♥ | Alayna

S'il m'avait demandé ma vie, j'aurais peut-être été un peu plus sympa avec ce prof. Non parce que ça, on peut pas être objectif ou négatif. Je suis née ya presque 17 ans, et ma date de naissance ne changera jamais. Logiquement, mes parents non plus. Et j'aurais toujours une petite sœur de 2 ans de moins que moi que j'aime par dessus tout.
Ah, s'il m'avait demandé ! J'aurais pu lui raconter le pays qui m'a vu naître. L'Irlande, ma belle Irlande. J'ai toujours aimé ses paysages, ce que mon pays m'offrait, la fraîcheur, la grandeur. Les mythes également. Je suis très attachées à mes racines, et j'avoue que je suis un peu « typique » du coin avec mes cheveux roux flamboyants. Si mon père avait pu, il aurait passé sa vie à photographier le pays, à rechercher la beauté en tout, même dans ce qu'il y a de plus simple et de plus banal. Au lieu de ça, merci mon dieu dans un sens, il a fait du portrait. C'est comme ça qu'il a vu ma mère pour la première fois. Il dit toujours qu'elle était la plus belle merveille qu'il cherchait en Irlande.

Je pense que je tiens de lui mon côté artiste. Lui, il voulait immortaliser les choses, moi je voulais les voir naître entre mes mains. L'école ne me passionnait pas plus que ça, même si je travaillais un minimum, alors mon père a demandé à l'un de ses amis de m'apprendre la sculpture. C'était un peu une carotte à vrai dire. Pas de bons résultats, pas de cours. Il faut dire que ça a bien marché, surtout qu'en grandissant j'ai compris que j'aimais apprendre. Bon, d'accord, apprendre sur des sujets qui m'intéressent, pas forcément sur ceux imposés en cours. C'est comme ça que je me suis retrouvée à aller souvent au musée, à regarder des documentaires jugés barbants, à tenter de lire des livres énormes. Je posais des questions tout le temps, j'avais cette soif d'apprendre.
Puis j'ai été fauchée en pleine montée. C'est à mes 7 ans que c'est arrivé. Des braqueurs, une arme, un malentendu. Alors qu'ils cherchaient la fortune d'un voisin, les deux hommes se sont énervés en ne trouvant rien chez nous. Et puis les coups sont partis tout seul. Maman ne peut plus avoir d'enfants, pourtant je sais qu'elle aurait aimé en avoir un troisième. Quant à moi… Je ne peux plus vivre. Enfin ça c'est si vous écoutez mes parents. Je suis consciente qu'une balle dans la tête, ce n'est pas rien. Je sais que si elle se déloge et touche mon cerveau, je suis morte. Je sais aussi qu'on ne peut pas la retirer pour le moment, parce que c'est trop dangereux. Mes parents ont détestés l'homme qui avaient tiré et au départ, ils m'étouffaient un peu. Je n'avais pas le droit de sortir, de courir, rien. J'avoue que je me suis totalement enfermée dans ce que j'aimais le plus : la sculpture. Ce n'était pas dangereux, j'étais à l'abri dans ma chambre, et je pouvais exprimer tous les mots qui ne sortaient pas de ma bouche.

Un peu plus tard, j'ai pu enfin lire les livres qui m'intéressaient sans demander à mon papa. Vers mes douze ans, je lui en ai voulu. Il avait demandé une mutation pour fuir le pays. Au final, j'étais la plus touchée et celle qui voulait le moins partir. Je n'avais pas encore fini d'apprendre tout ce que je voulais. Puis on est partis quand même, à Miami, très loin. Nous ne sommes jamais retournés dans notre pays. A Miami, mon père disait qu'on y avait des cousins, qui en fait étaient partis à Boston. C'est une ville qui abrite énormément la culture Irlandaise et j'ai fini par vouloir y aller. Le problème principal étant un garçon. Nicholas, je ne peux pas partir sans lui. Ce garçon fait battre mon coeur comme jamais et jamais je n'aurais pu le laisser à Miami. S'il n'avait pas pu bouger, je serais restée. Mais à ma grande surprise, il vient avec moi. J'ai hâte, tellement hâte de découvrir cette ville avec lui ! En fait, si je le pouvais, ça serait le tour du monde que je ferais en sa compagnie, mais pour le moment on se contente de Boston. Mes parents sont déjà assez angoissés comme ça. Enfin, je vais pouvoir me rapprocher des miens. Enfin je vais pouvoir continuer à croquer la vie à pleines dents. Enfin.