Si c'était la fin...
13 Avril 2013
HOFFMAN Alexis
Terminale 2B
Devoir de littérature.
Sujet : Cela fait plus de 6 mois, que l’épidémie changeant les humains en rôdeurs, a commencée. Accumulant les voyages, les planques et les abris, vous trouvez finalement une petite forteresse, habitée par des vivants, des vrais. Ceux-ci choisissent de vous accepter parmi eux, à une condition, que vous leur racontiez votre histoire, en toute honnêteté. Nombreux sont les vivants, plus dangereux que les morts, et ils veulent s’assurer que vous et les membres de votre groupe ne soyez pas menaçants. Vous traiterez ce sujet sous forme de rédaction à la première personne ou d’un point de vue omniscient. Le devoir sera noté sur l’originalité, la justesse des phrases, l’orthographe, mais aussi la psychologie des personnages et la cohérence de l’univers inspiré de la série Walking Dead.
« Personne ne sait réellement comment ça a commencé. Ni quand, d’ailleurs. Tout est arrivé trop brutalement, personne n’a rien vu venir, et personne n’y comprend encore rien. Tout ce qu’on sait, c’est que c’est une merde sans fin. Une merde qu’on se doit d’accepter, si on veut survivre.
A la base, je viens de New York, où je vivais avec mon père et ma sœur jumelle, Harper. Nés tous deux le 31 mars de l’année 1995, nous vivions paisiblement dans une jolie maison en périphérique de la ville, aimés par nos deux parents. Une enfance stable, des cours communs à tous, avec l’apprentissage de la lecture, de l’écriture et de toutes sortes de choses par lesquelles nous sommes tous passés un jour. Lorsque que nous avions onze ans, nos parents ont considérés que la vie à deux n’était plus faite pour eux, et nous étions contraint de nous couper en deux pour les voir régulièrement. Une fois à Boston, une fois à New York. Les voyages étaient usants à la longue, ils ont finis par se mettre d’accord pour nous envoyer tous deux à Boston pour continuer nos études. Je n’ai jamais été véritablement enchanté à l’idée de devoir me déplacer, et quitter New York où j’avais fini par enfin me sentir bien. Mais la vie ne nous offre pas toujours ce que nous recherchons, et nous étions donc forcés de cohabiter avec ma mère, son nouveau petit copain et ses enfants. Enfants insupportables, tout comme le mari. Bref, en gros, c’était une nouvelle vie à laquelle je n’avais déjà pas envie de m’habituer. Mais avec Harper à mes côtés, je me disais que quoiqu’il arrivait, j’arriverai à tout surmonter.
Nous entrions donc tous deux à l’université de Boston. J’étais parfaitement prêt à continuer, dans un autre univers, mes études dans le domaine de l’histoire de l’art, à l’image de ma mère, qui m’y avait toujours donné goût, notamment en raison de son métier. Conservatrice de musée, c’était le pied pour quelqu’un comme moi, qui ne jurait que par les tableaux, et qui passait des heures dans les galeries à contempler les œuvres, régulièrement changées. Au final, ça semblait s’annoncer comme étant une année neutre, en espérant néanmoins que tout finisse par s’arranger.
Mais c’est là qu’on peut commencer à rigoler. C’est là, que tout a commencé à dégénérer.
- Quelqu’un parmi vous est-il capable de décrire cette œuvre de Rubens, et de trouver le sujet qu’il a choisi de représenter ? Pierre-Paul Rubens était un des peintres phares du XVIIème siècle, originaire des Pays-Bas, à l’origine les Pays-Bas espagnols. Il avait un style bien à lui, et le tableau face à nous était fort connu, d’autant que le sujet abordé était exactement celui que nous avions vu la semaine passée sur un ronde-bosse italien du XVème siècle : Le festin d’Hérode. Voyant que personne ne semblait vouloir se lancer, je levais ma main bien haut.
- C’est le festin d’Hérode, qu’on peut facilement identifier grâce à la tête servie sur un plateau, rappelant l’histoire où Salomé, admirée par le roi Hérode demande…Mais je fus vite coupé par un bruit inconnu, dont on ignorait la provenance. Le maître de conférence me lança un regard m’autorisant à continuer, mais quand un petit grésillement prit la place du silence, je compris que je devais m’abstenir, le directeur ayant sans doute une annonce bien plus importante qu’une histoire biblique. Ce dernier, par ailleurs, avait une respiration saccadée, ça se sentait dans sa voix, et nous somma de rentrer chez nous le plus vite possible. La raison ? Il n’eut pas le temps de la dire, un gros bruit sourd et un long ultrason strident se chargea du reste de l’annonce, et dans un mouvement de panique générale, tout le monde commença à se lever, sans vraiment comprendre ce qu’il se passait. Nous étions bientôt Halloween, et je trouvais ça irrationnel de s’apeurer pour si peu, sans informations complémentaires. Ce n’était peut-être qu’une simple prémices pour nous annoncer la couleur, et je trouvais ça marrant. Les gens ne m’ont jamais compris sur ce point, ce côté
très terre-à-terre, logique et rationnel, pas du genre à avoir peur tout de suite, sans savoir les causes réelles. J’étais peut-être un peu
trop tête brûlée et téméraire, à être aussi peu craintif, mais je préférais être celui en position de défendre les autres en cas de pépin, quand la terreur aura pris possession de leurs pensées.
Néanmoins, en voyant cette foule s’agglutiner aux sorties de l’amphithéâtre, je finis par capituler, et après avoir rassemblé mes affaires je n’avais plus qu’un objectif : trouver ma sœur. Ce n’était peut-être rien qu’un test, une façon de se moquer de nous, mais si ça s’avérait être bien plus que ça, je voulais m’assurer que ma sœur aille bien. Elle était tout pour moi. Vraiment tout. Les gens trouvent parfois ça stupide que je m’accroche à elle, comme une moule à un rocher, ils trouvent ça même dégueulasse. Mais ils ne peuvent pas comprendre. Les jumeaux, c’est une toute autre histoire de ressenti, comme si en un regard nous pouvions tout expliquer, tout se dire. Lié à elle, j’étais incapable de m’imaginer loin d’elle, et j’avais toujours fais en sorte qu’elle soit heureuse. Nous n’avions pas eu de chance, le divorce de nos parents avait provoqué une véritable rupture dans cette famille, qui semblait si soudée, et l’encaisser a été plus dur pour elle, que pour moi, et ça nous a divisé, en quelque sorte. Par ailleurs, ils ont failli commettre l’irréparable : nous séparer. Quand on est mineurs, la justice est parfois cruelle, et penser qu’on pouvait vivre chacun de notre côté était ignoble. Heureusement, ça n’a pas été réalisé, et nous avions pu continuer à partager la même maison, la même école, les mêmes passions, inséparables que nous étions. J’avais toujours appris, petit, que la
famille, la loyauté et la franchise étaient trois choses capitales, et je n’avais jamais dérogé à la règle. Ma sœur, c’était ma moitié, et la seule qui pouvait me faire capituler, me faire céder, me mettre dans tous mes états, pour qui j’étais capable de tout. Mais ça concernait aussi les plus proches amis, je n’étais pas un lâche, chose tout à fait heureuse, et j’avais la sainte horreur des mensonges. J’avais toujours trouvé que mentir, ne menait strictement à rien, et puis même, j’avais été élevé comme ça :
rester simple, soi-même, et être honnête. Ce que je continuais à faire, comme toujours.
Dans les couloirs, c’était la panique générale, les gens se bousculaient, et je n’avais pas non plus envie de foncer dans le tas comme un espèce de gros molosse. Calme et serein, je cherchais juste la salle où Harper avait cours. Ce ne fut pas bien long, et quand je l’apercevais dans la foule, je l’attrapais par le bras. Nous devions rentrer.
Ma voiture garée sur le parking, nous n’avions plus qu’une idée en tête : atteindre la maison et essayer de comprendre ce qui avait bien pu se produire, pour qu’un jour d’octobre ensoleillé, on vienne nous dire de quitter la FAC sans trop de raisons. Nous ne disions un mot durant le trajet, et en se garant dans la rue, on avait bien compris que quelque chose de louche se tramait. La porte d’entrée était grande ouverte, ce qui était loin d’être une habitude dans la famille. Même chez mes demi-frères/sœurs horripilants. Je passais donc devant, en prenant soin de vérifier qu’Harper était bien derrière moi, et la première chose qui me frappa fut cette énorme trainée de sang, qui démarrait du guéridon à l’entrée et qui continuait sa course vers le salon. Là, l’angoisse commençait à tout doucement prendre le dessus.
- Va dans la voiture, et restes-y, n’en sors sous aucun prétexte.Protecteur au possible, je refusais qu’il lui arrive quoique ce soit, et préférais toujours me prendre les dégâts à la place des autres. J’étais comme ça,
altruiste et désintéressé. Loin sont les gens qui sont capable de m’imaginer dans la peau d’une Mère Teresa, très soucieux du bien-être des gens. Et encore moins me croyaient quand je leur faisais part de mes activités de
scout et mes associations humanitaires, qui occupaient une place prépondérante dans ma vie. Mais ça avait toujours été comme ça dans ma tête, les autres avant soi-même, et ce même si j’avais tendance à me la jouer
égocentrique sans cœur, de par mon amour propre un peu trop développé par moment. Un
Narcisse, qui a tendance à parfois être trop confiant, et à trop répéter aux gens ô combien j’étais parfait, et beau comme Apollon. Mais ça, ce n’était qu’une facette ridicule, pour me décrédibiliser, et parce que le défaut est une preuve d’humanité. Ce qui n’enlevait en rien mon attachement aux valeurs fondamentales.
- Y a quelqu’un ?Ma voix perçait le silence pesant dans la maison. Il n’y avait pas un bruit, et je restais bloqué devant cette porte, sous laquelle la trainée rouge semblait suivre son bout de chemin. Hésitant, je m’armais du premier truc qui me tombait sous la main, en l’occurrence le tournevis qui m’avait permis de réparer la serrure de l’entrée il y a de ça deux jours, et baissais la poignée. Le long grincement résonnait dans toute la pièce, et mon cœur battait à deux cents à l’heure. Jamais je n’aurais pu imaginer un jour assister à un tel cauchemar. Par terre, allongée sur le ventre, ma prétendue demi-sœur Aurore, la cervelle complètement éclatée. Il était vrai que je ne la supportais pas du tout, et ce depuis le premier jour où on s’est rencontré. Peste incontrôlable et capricieuse, elle me menait la vie dure, mais jamais quelqu’un ne méritait un sort pareil, et je manquais de m’évanouir à la vue de ce cadavre. Seulement, il n’y a pas de place au répit, et un bruit venant de la cuisine m’interpellait. Quelqu’un cherchait à ouvrir la porte qui menait à la pièce où je me tenais actuellement.
- Maman ? C’est toi ? Ma voix tremblait, absolument pas sûr de ce sur quoi j’allais tomber, et mes deux pieds cloués au sol m’empêchaient d’aller moi-même ouvrir la porte. Il y eut un temps de latence de deux bonnes minutes, où j’entendais cette masse tenter d’enfoncer la porte, jusqu’à ce qu’elle y arrive. La porte était arrachée de ses verrous et tomba dans un fracas monstrueux, ainsi que la personne qui cherchait à se sortir de ce trou. C’était ma mère. Mais en même temps, ce n’était pas elle. Quand elle leva la tête dans ma direction, il était clair que ce n’était plus qu’un espèce de monstre dont j’ignorais l’origine, et la vue de ce spectacle me donna un haut le cœur. Que lui était-il arrivé ? Je n’avais pas le loisir de lui poser la question, puisque cette créature immonde leva sa masse osseuse et se précipita vers moi. Paniqué, je n’eus que comme réflexe de suivre, mais comme tout bon cliché qui se respecte, je finis par me vautrer lamentablement au sol, alors qu’elle avait réussi à prendre en otage mon pied. Ses dents, tranchantes comme des rasoirs, menaçaient un contact avec ma cheville, et par réflexe, je lui enfonçais le tournevis en plein dans son œil droit. Elle tomba raide. Morte.
- Mon dieu, Alex, qu’est-ce que tu viens de faire ?Complètement déconnecté de la réalité, sonné et totalement désemparé d’avoir mis fin à la vie de ma propre mère, la douce voix d’Harper me tira de ma léthargie, et me força à me bouger, tout en récupérant le tournevis, dans un craquement d’os et de chair.
- On ne doit pas trainer ici, on n’est plus en sécurité. Je la tirais par le bras et en sortant de la maison, c’était le drame, ces espèces de choses : des voisins, policiers, étaient tous affairés autour de notre voiture à tenter de faire je ne sais trop quoi, et pas vraiment enclin à les laisser nous voir, nous tentions une percée plus discrète pour les éviter. La vue de ce théâtre d’horreur me serrait le cœur, et n’étant pas préparé à ce qu’un éventuel scénario se produise un jour, je ne pouvais faire qu’une chose : protéger ma sœur de ce foutu monde de merde.
Le reste de la journée, nous errions sans bruit dans les rues du quartier de Boston, à la recherche d’un abris, et c’est dans une bicoque pas trop mal fichu en bord de mer qu’on trouva refuge, la nuit tombant peu à peu. Cloîtrés entre quatre murs, je me refusais à dormir et laissais Harper se reposer. Les larmes se mirent à couler. Je n’étais pas un
grand sentimental, et bien souvent je n’étais
pas démonstratif, mais cela n’était en réalité que pour parfaire mon apparence. Dans l’ombre, l’obscurité de la nuit, il est beaucoup plus facile de se laisser aller, de pleurer un bon coup. J’étais en réalité quelqu’un de
très sensible, très vite touché par les événements qui pouvaient avoir lieu dans mon entourage. Et je ne pouvais cesser de penser à cette scène, à cette maison, à ce bain de sang. Qu’allons-nous devenir ?
Cette perspective de l’avenir, ce n’est pas dans mes habitudes, en réalité j’ai horreur de penser à ce que je pourrais être, faire, devenir plus tard.
J’aime à vivre l’instant présent. Pas ressasser le passé et pourrir dans les regrets, mais profiter, purement et simplement, et là aujourd’hui, tout s’effondre, tout s’émiette, et le temps nous est plus que jamais imparti. Les décisions à prendre seront plus que décisives, et nos chances de survie sont peut-être quasiment minces. Mais j’essayais malgré tout d’y voir un côté positif. Si je n’étais pas optimiste, qui le serait à ma place.
Le lendemain matin, je remarquais que je m’étais assoupi, mais c’était le calme plat dans la bicoque de fortune, il y avait juste Harper, qui tentait de voir ce qu’il se passait dehors à travers les minces ouvertures. Mais rien, apparemment rien. Seulement, aucun de nous deux n’avait envie de sortir. Aucun de nous n’avait envie d’affronter la réalité.
- Hé, tu te souviens quand tu voulais te barrer avec ce type ?
- Esteban ?
- Ouais, mais peu importe son nom. Je crois que c’est la seule fois qu’on s’est vraiment pris la tête, pas vrai ?
- Hm, mais pourquoi tu me dis ça maintenant ?
- Je ne sais pas, j’essaie de me dire qu’on est en plein cauchemar et que tout va s’arranger, qu’on va de nouveau vivre ces choses banales, ces petits hauts, ces petits bas, qui nous prouvent qu’on est en vie, que tout le monde est en vie… Je ne dis pas que j’ai envie de me crêper le chignon avec toi, mais je préférerais me dire qu’on risque de s’envoyer sur la gueule à cause d’un gars débile, plutôt que sur la question de vivre ou d’abandonner à cause de ce putain de fléau… Je n’avais jamais aimé me disputer avec Harper, et au final il n’y avait eu que cet événement déplaisant pour foutre en l’air temporairement notre amitié fusionnelle. Un mec avait réussi à tout foutre en l’air aussi aisément qu’un cyclone t’arraches ta maison. Encore si ça avait été un gars bien, je m’y serais fais, à la longue… Mais c’était un parfait connard, et même si j’avais mal vécu notre tension, je ne regrettais pas d’avoir tout fait pour lui empêcher d’aller plus loin. C’est pas demain la veille qu’un mec va me la retirer, ma petite Harper, alors un monstre édenté, encore moins. Et même si c’était désagréable de se prendre la tête, c’était normal. Là, qu’est-ce qui allait être normal ?
Le temps était passé, et malgré nous nous étions habitués à un monde qui plongeait de plus en plus dans un déclin insupportable. On avait appris à tuer, sans avoir peur de finir couvert de sang, on avait appris à survivre, avec le peu qu’il restait, mais toujours en bougeant, en voyageant, en craignant de se faire avoir, un jour par pire que les morts-vivants. Puis, alors que notre santé avait dégradé, qu’on avait la peau sur les os, on les a trouvé. Ces gens, qui avaient réussi à établir un campement. Un campement qui semblait sûr, plein de ressources, qui avait tant à nous offrir. Ils ont bien vu qu’on n’était pas des brigands, ils ont bien vu qu’on était que deux jeunes adultes au bord de la mort, alors c’est là qu’ils nous ont demandé de tout leur raconter, ce que j’ai déjà énoncé plus haut, et des tas d’autres choses.
- Avez-vous déjà tué ces monstres ? - Oui.- Combien ? - Trop pour le savoir.- Avez-vous déjà tué des hommes ?- Non.- Pourquoi ?- Même si on vit dans un monde de merde, je ne vais pas me réduire à en devenir une.Après avoir énuméré nos voyages, avoir expliqué comment à plusieurs reprises on a failli y passer, notamment le jour où notre véhicule nous a faussé compagnie au beau milieu d’une route, qui a été envahie par une horde à la seconde où la voiture a explosé, et où on a fini brûlés, apeurés, incapables de savoir si on allait y passer ou pas… On a expliqué ce qu’on savait faire, ce qu’on était, et qui on avait perdu. Notre mère, nos demi-frères, et sans doute notre père, qu’on a jamais revu depuis le début de ces sombres évènements. Depuis ce jour, on a dû évoluer, mais on n’a jamais changé. On est resté les mêmes, je suis resté le même. Je me porte volontaire pour tout, j’aide sans réfléchir, j’aime me prélasser dans l’herbe en pensant que je suis enfin à l’abri.
Je dois peut-être me forcer à manger de la viande, mais il faut bien faire des concessions. Le plus important c’était Harper, et le fait qu’elle et moi étions prêts pour de bon à continuer à vivre, tout simplement. »
Note : 15,5/20.
Remarque : Travail compris et mené à bien avec rigueur. Très beau texte, très belle histoire. Veillez à travailler certaines formulations, mais très bon travail dans son ensemble.
Option Littérature : obtenue.