taemin ▬ parfois on a pas de bol, et la roue tourne pas !

« Putain je suis en cloque ! » Une blonde qui hurle ça alors qu'elle quitte les cabines de toilettes du centre commerciale avec le test de grossesse qu'elle a volé il y a peu de temps en compagnie de son compagnon dans une pharmacie .« Bordel de merde, y'a un môme dans le placard ! » Je vous décris un peu la blondinette. Elle ne doit pas avoir plus de dix-huit ans, le corps maigre et blafard qu'un cadavre ferait moins peur qu'elle, les yeux bridés. Des yeux rouges par les substances illicites qu'elle consomme tous les jours, des vêtements qu'elle a du trouvé dans un coin de rue ou dans un foyer pour sans abris. Le compagnon en question n'est pas mieux. Les cheveux bruns, le corps aussi sales que ses vêtements rapiécés et trop grands, le teint blanc et les yeux aussi rouges que ceux de sa compagne. Ils se regardent et en chœur ils se lancent un « Putain ! » en grognant. Après cette nouvelle, ils ont rejoins leur squatte et se sont allumés un joint. Rien de plus normal.
« C'est quoi ce bordel ?!! » Le même compagnon cité ci-dessus qui regarde sa compagne comme si elle venait d'une autre planète. On se trouve sept mois après l'annonce ce sa grossesse, et la future jeune maman se retrouve trempée, assise au sol avec une clope au bec. C'est après les premières contractions qu'ils se sont aperçues finalement qu'elle accouchée. Ils s'entre-aident et réussisse à aller au foyer pour sans-abris mais la pauvre jeune fille finit le travaille en court de route et notre petit Tae Min né au beau milieu d'une rue de New-york, à trente mètre du foyer. Pourquoi ces prénoms ? On ne cherche même pas à comprendre. Une fois mise au monde, le petit bébé est enveloppé dans un draps salle et, heureusement que le foyer est là, il est rapidement pris en charge par le médecin du foyer parce que sinon, il serait morte sur place quoi !

Tu le regardes, il a une bouteille à la main et toi ton biberon. Tu ne sais pas vraiment comment tu fais pour survivre avec un type comme lui comme père. Il boit, se drogue encore parfois et se tape des filles contre quelques billets. A ton âge, tu ne comprends pas tout cela, tu ne vois qu’un homme qui s’occupe de toi par obligatoire car, puisque tu es à sa charge, ce monsieur a le droit à des aides financières qui lui servent surtout pour l’alcool et son herbe. Il dort à moitié, sans jeter un regard sur toi. Tu as juste la tétine du biberon dans la bouche comme lui a le goulot de la bouteille de whisky dans la sienne. Tu ne connais que cette vision des choses, tu n’as jamais vu autre chose durant ton enfance et peut importe les années qui passent, tout semble se répéter tous les jours. Parfois, tu prononces le mot de « maman » et il te lance un regard horrible, comme si c’était la pire des injures. Jamais tu n’as vu la femme qui t’a mise au monde, tu n’as jamais entendu parler d’elle tu ne connais même pas son prénom, tu ne sais pas à quoi elle ressemble. Te ressemble t-elle ? C’est la plus grande question de ta vie.

« TAEMIN ! VIENS ICI ESPÈCE DE PETIT PEDE ! » Tu soupires, comment pourrais-tu avoir de bons résultats à l’école si l’homme qui se prétend être ton père t’ennuie toutes les cinq minutes pour que tu lui apportes une bière, des clopes ou pire encore, pour que tu prépares à manger ? Les gens ne semblent pas s’en rendre compte où alors ils ne cherchent pas à le voir. Tu quittes tes exercices de mathématiques pour rejoindre la cuisine. Tu as dix ans, et tu sais déjà cuisiner comme un mini-chef. Tu soupires une fois de plus mais cette fois, il te voit et il ne se prive pas pour te le dire. « Ne soupire pas ! T’es comme ta mère, une garce ! Donc, tu vas me faire à bouffer et tu ne discute pas ! » Ta mère, à chaque fois il te parle d’elle, l’insulte où te compare à elle mais jamais il ne parle vraiment d’elle. La seule chose que tu sais vraiment, c’est qu’elle est partie après avoir abandonner ton petit corps de bébé aux bras de ton père pour partir avec un autre camé. Alors évidement, il se venge sur toi et ta petite tête brune. Dans la cuisine, tu ouvres le frigo mais celui-ci est vide. Il ne reste que des œufs, deux précisément. Tu soupires parce que tu comprends une chose qui arrive déjà bien souvent : tu ne mangeras pas ce soir.

« Papa… » Il grogne, répondant. « Ne m’appelles pas comme ça ! » Tu secoues la tête, te souvenant enfin qu’il déteste que tu l’appelles ainsi. « John, ils ont coupé l’électricité. » Il ne répond pas, il hausse les épaules et c’est tout, il reprend une gorgée de son whisky et t’ignores à nouveau. Tu baisses les yeux et tu prends sur toi pour ne pas verser une larme. Tu n’as que quinze ans, tu as des résultats pourris en cours, tu ne sais même pas ce que tu veux faire dans la vie parce que tu sais parfaitement que ça ne servirait à rien, que tu finiras comme serveur ou au pire, tu feras des ménages chez les gens riches pour payer au moins le loyer. Tu soupires, finalement tu quittes l’appartement minable où vous vivez pour prendre l’air, faire un tour, ne plus penser à rien et simplement t’aèrer l’esprit. Les heures passent, et la nuit finit par tomber. Tu commences à avoir froid et décide enfin de rentrer, tu vas encore te faire tuer si tu n’es pas là pour faire le repas. « Hey, jeune homme ? » Tu hausses un sourcil, un homme accourt vers toi et tu ne comprends pas. « Ça te dirais de faire un petit job, juste ce soir, pour un bon paquet de fric ? » Il t’explique un peu plus la situation, il a un colis à livrer mais le livreur est malade, alors tu accepte. « Oui », sans savoir que tu livre de la drogue.

Cela fait déjà deux ans que tu fais ce petit job. Quand ton père a su que tu apportais du fric, il a dit de continuer, peut-importe ce que tu devais faire pour apporter plus d’argent. A croire qu’il se prenait pour ton mac. Mais tu n’es pas un gigolo, tu ne fais que livrer les colis. Tous pensent que tu as dix-huit ans, même si tu ne les a pas, ils t’ont fait faire une fausse carte d’identité pour que tu puisses continuer. Les autres t’ont pris sur sous leur aile et t’apprennent bien plus que tu n’as apprit en cours. Elles t’aident aussi à faire tes devoirs d’ailleurs, au fond, ce job c’est une bénédiction puisque tu gagnes de l’argent mais que tu peux aussi réviser entre deux paquets. Une fois chez toi, tu donnes l’argent à ton père. « C’est tout ? » Tu hausses les épaules avec une petite moue. « Petite soirée, pas beaucoup de colis. » Mais tu lui mens, depuis le début tu mets de l’argent de coté pour pouvoir partir dès que ta majorité officielle sonne. Le jour même de ton anniversaire tu partira loin d’ici, loin de ce type, de cet homme qui t’a pourri la vie.

Tu as un énorme sourire sur les lèvres et le regard pétillant. Tu le fixes et malgré son regard d’alcoolique colérique, tu t’en fiche. Tu es majeur, vacciné et tatoué. Et tu es fier de ton petit effet. Tu lui fais un signe de la main avec un air hautain. « Petit pédé, t’es qu’un enfoiré ! » Tu souris de plus belle et tu lances avec dédain. « C’est grâce au pédé que tu as pu te payer ton whisky, connard ! Vas en enfer ! Tu vas crever sans moi ! » Sur ces mots, tu lui adresse un majeur tendu avec le sourire et tu tournes les talons, valise à la main. Tu as acheté ton billet d’avion pour ne pas avoir à faire tout ce chemin en train ou en voiture. L’avion c’est cool. Te voilà libre, et avec tout l’argent que tu as mis de coté depuis six ans, tu as assez pour trouver un petit studio, une chambre d’étudiant s’il le faut le temps de te trouver un job dans cette nouvelle ville. Boston, une université pour vivre d'une passion, et surtout, une nouvelle vie.

Et voilà, t'as vingt-et-quatre ans et ça fait trois ans que tu es ici, à Boston. Autant dire que tu t'y plait malgré les hauts et les bas qui font que tu n'as pas forcement toujours l'argent pour te nourrir à la fin du mois. Mais tu y arrives, tu fais un petit boulot respectable après les cours pour que tu puisses payer le loyer de ta location et de quoi manger. Tu t'es lancé dans les études, cette fois tu y vas à fond parce que tu adores ce que tu fais, la danse particulièrement. Tu es en deuxième année et même si tu n'es pas le premier de ta promo, tu trouves que tes efforts sont payant, que tu pourras avoir ton diplôme et te lancer dans une carrière qui te fait rêver depuis toutes ses années. La vie ne fait que commencer finalement.