Parfois, on a l'impression que l'argent mène réellement le monde - Libre -

C’était par une belle journée d’hiver, un vendredi matin qu’Ethan trouva un énorme problème dans sa vie : il allait manquer d’argent ! La bague de fiançailles avait coûté plus cher que prévue. Non qu’Ethan regrettait son choix parce qu’il n’y avait pas de prix pour rendre Maïa heureuse. Seulement, maintenant, notre jeune homme avait un gros problème.

- À ce train-là, je ne pourrais plus revenir pour la prochaine session.

Marmonna-il au ciel. Au ciel, car notre jeune homme s’était quelques minutes plus tôt vautré dans la neige poudreuse et … Il n’avait, apparemment, plus aucune envie de se relever. Non loin d’un petit chemin traversant le campus universitaire, un idiot qui passerait le croirait mort. Enfin, ce n’était pas comme si c’était le cas. Imbécile. Son manteau le tenait au chaud en plus et ses jeans noirs seraient un peu mouillés c’est tout.

Son regard flottait vers le ciel et il se sentit basculer dans son immensité malgré que ce n’était pas le cas en réalité. Il se sentait voler, partir, rêver. Depuis trop longtemps, il n’avait pas eu un contact si fort avec la neige et le ciel. Enfant, il avait aimé se vautrer dans les montagnes de neige de sa cour arrière à Syracuse. Il retrouvait donc la fraîcheur, la douceur de la neige avec bonheur. Si je déménage un jour, je vais dans un endroit froid. Les endroits chauds ne m’ont jamais porté bonheur songeait-il à nouveau en ce passé.

Terrible certes, mais riche.

Ethan voulait, en plus, offrir à Maïa un mariage digne de ce nom, de son nom. Il souhaitait que les étincelles dans ses yeux soient à leur paroxysme … Sans argent, il n’arriverait à rien. Non que l’argent de ses reventes de drogue fut sans tache, mais il y avait longtemps qu’Ethan n’avait plus aucun scrupule là-dessus.

- Il faut que je me trouve un travail à temps partiel.

Soupirait-il ne trouvant aucune autre solution. Il songeait à travailler le samedi et le dimanche laissant sa semaine de libre pour répéter ses danses et ses scènes. En plus, dorénavant il avait le club de théâtre qui lui prenait tout l’après-midi le mercredi. Dans un soudain petit rire, Ethan pensa à la directrice Garner. Mouais, il ne faudrait pas trop compter sur elle pour lui espacer ses paiements à l’université. Puis, en plus, venait Adan. Il avait droit à une vie plus normale pour un petit garçon de son âge. Parfois, Ethan rêvait que Maïa, Adan et lui déménageaient dans un petit appartement juste tous les trois. Certes, ce n’était pas possible. Les loyers étaient trop chers pour deux chambres. De plus, ce serait stupide que la chef des Kappa Pi ne dormirait plus dans une chambre de l’association. Stupide loi Garner d’empêcher les hommes et les femmes de dormir ensemble finit-il par faire la moue.

Qu’est-ce qu’il savait faire ? Pourrait-il reprendre un emploi de commis dans une épicerie comme à San Diego ? Sinon, il pourrait travailler dans un restaurant ou l’un des bars. Il était certain d’avoir vu un Pub Irlandais même dans Charleston durant les vacances de Noël.

Il ferma les yeux se laissant bercer par le silence que permettait la neige alentours insonorisant tout son inopportun. En tout cas, c’était jusqu’à ce qu’une personne approche de sa position.

Il ne tenta même plus de penser à quelque chose. Son esprit voulut se faire vide, d’oublier pendant un moment ses problèmes d’argent. En plus, Ethan avait omis d’en discuter avec Maïa. Il n’avait pas envie de l’inquiéter surtout qu’elle … Elle aurait sûrement ramené la bague de fiançailles à la bijouterie. Pas question ! Il ne fallait pas non plus oublier qu’Ethan ne discuta pas avec elle d’où provenait l’argent donné pour les deux premières sessions à l’université. Maïa ne méritait pas d’entendre parler de drogue à nouveau. Elle méritait mieux.

Finalement, c’était plus dur que pensé de prime abord de n’avoir rien en tête. De se vider le crâne. Il soupira relâchant un moment tous ses muscles. Un bruit de pas, un craquement de bottes dans la neige se fit entendre et cela de plus en plus proche pour …

- Quoi ?

Lâcha-il outré par les mots empoisonnés sortant de cette bouche anonyme. Enfin, Ethan n’avait jamais entendu cette voix auparavant et en ouvrant les yeux pour se redresser en position assise, il s’aperçut de ne pas connaître ce jeune homme non plus. Ok, peut-être l’avait-il croisé. Certes, il n’y fit probablement pas attention. Ses paroles actuelles, toutefois, étaient du venin. Elles vinrent le toucher droit au cœur d’où son ton hargneux précédent. En plus, il n’avait même pas parlé de mariage à tu tête ! Tout le monde était maintenant au courant ! Et ce petit insolent continuait à déblatérer sur le fait qu’il ne trouvera jamais l’argent souhaité même avec un emploi à temps plein pour faire un mariage digne de ce nom.

- Qu’est-ce que tu dis ? On se connaît ? commença-il d’un regard noir. Parce que je n’ai pas l’impression de te connaître à moins que je viens de rencontrer Clemy en chair et en os monsieur J’écoute-tout-ce-qui-ne-me-concerne-pas.

Leva-il les yeux au ciel soupirant sarcastiquement à sa petite ironie. Un petit sourire apparut à la commissure de ses lèvres. Génial ! Encore un petit arrogant qui se croyait tout permis sur ce campus. Ethan hochait négativement et de manière nonchalante la tête. Pourquoi se devait-il toujours de rencontrer les pires personnes ? Il se releva donc et debout notre jeune homme dépassait quand même l’autre. Cela en était effrayant même de savoir qui se trouvait le boss ici. Tout en enlevant le plus de neige possible de sur ses jeans, il ajouta quelques mots.

- Je ne pensais pas que l’université et le lycée étaient déjà au courant de ce mariage … Mais bon, qu’est-ce que tu y connais, toi en mariage ? Tu as une copine pour commencer ? Alors, si tu ne sais rien tu ne dis rien.

Termina-il sur un ton plus grave, mais semblant toujours calme, un peu trop. Un peu trop calme pour en faire peur même.