Ne vous demandez pas pourquoi les gens deviennent fous. Demandez-vous pourquoi ils ne le deviennent pas. | S. Steadworthy

Tient toi droit. Pose ta main sur la table. Ne met pas tes coudes ! Sort tes mains de tes poches. Ne traîne pas des pieds. Ne mange pas avec tes doigts. Ne rote pas en public, et à la maison, tu dois t'excuser ! Souvient toi que la fourchette est à gauche, et que le couteau est à droite.

Ne joue pas avec ça. Lave toi les mains. Arrête de t'habiller comme un dépravé. Ne sois pas négligent sur ta toilette. Ne fréquente pas ce genre d'individus. Met ta main devant ta bouche quand tu bailles. Cesse de regarder cette jeune fille. Ne répond pas comme ça, adresse toi à nous avec respect !

Ne sort plus en douce. Range ce téléphone. Couche toi à l'heure pour ne pas manquer des cours. Fait tes devoirs. Arrête de boire de l'alcool ! Non, ne fume pas. Ne le fréquente pas, il a une mauvaise influence. Pourquoi ce sourire en coin ? Ne soit pas fourbe. Tu dois travailler. Respecte, et honore ta famille. La médecine, c'est ta vie. Tes parents sont médecins, soit en fier ! Nous faisons partie des meilleurs, ne nous fait pas honte. Tu sera médecin, Stiles.



La famille, le code, l'honneur, le respect, les bonnes manières... Etre un Steadworthy n'est pas de tout repos, surtout lorsque vos parents vous mettent tout le poids du monde sur vos épaules, alors que vous n'avez que quoi ? 15 ans ? Ils vous dressent, ils vous endoctrinent, et vous n'y pouvez rien, absolument rien.


De génération en génération, cette famille a été élevée, endoctrinée, tout ça pour être la meilleure. De génération en génération vous avez vu des médecins généralistes, des chirurgiens, des obstétriciens, des gynécologues. Chaque membre de cette famille avait sa branche de prédilection, ainsi, vous pouviez être sûr que même dans votre propre maison, vous sentiriez le poids de la rivalité vous peser sur le moral. Etre un Steadworthy, ce n'est pas seulement être en compétition avec les autres, c'est être en compétition avec sa propre famille. Toujours dans le respect des mœurs, mais vous devez toujours -TOUJOURS- être le meilleur. Depuis ta naissance, on te bourre le crane de tout ceci. Tu dois être le meilleur Stiles. C'est ta génération, c'est à toi de briller.


Tu dois être un travailleur acharné, sans cela, tu ne mérites même pas d'avoir ne serait-ce qu'une goutte de leur sang dans tes veines. On t'élève pour te transformer en machine de travail. Ne te préoccupe pas de la politique, de l'économie, de l'astronomie... Préoccupe toi de la médecine. C'est ton héritage familial.

Tu dois suivre toutes les bonnes manières, si tu te comportes comme un garçon moyen, on te puni des jours entiers, c'est aussi simple que ça. Et tu te demandes pourquoi tu ne deviens pas fou ? Ah, tu t'en poses une bonne. Mais malgré cette éducation si stricte, tu te forges un caractère bien à toi, un caractère qui te donne la sensation que tu as tout compris à ce qu'ils voulaient que tu sois. Une machine de travail. Un homme respectueux, intolérant envers les plus démunis cérébralement.

Au fil des années, tu ne peux plus l'empêcher, tu te forges une carapace. Tu deviens un homme froid, distant, acharné. Pour toi il n'y a plus de place pour la fantaisie. Mais pourtant... L'humanité se rappelle soudain à toi. Oui, Stiles, tu as le droit d'avoir des amis. Oui Stiles, tu as le droit de te fumer une cigarette quand le cœur t'en dit, et même de boire un verre.

Alors qu'est-ce que tu fais ? Tu luttes. Tu ne veux pas devenir comme eux, tu veux garder ta personnalité, ta part de mystère. Tu veux rester le même que tu es, celui qui sourit discrètement en voyant son cousin arrivé à l'un de ces fameux dîners qui se finit constamment en crise d'égocentrisme. Tu observes tout ce cirque, en te promettant de ne jamais suivre ce chemin. Et si seulement ils savaient tes ambitions... Oui, tu veux une famille. Mais non, tu ne veux pas devenir Hitler à ta manière. Alors tu luttes et tu patientes, jusqu'à ce qu'on te dise enfin que... Tu peux partir pour Boston. Tu pourra vivre, Stiles.

Tu rentres dans cette université et toute l'excellence qu'elle apportera à ton nom. Au final tu ne l'admets pas, tu ne veux pas être comme eux, mais tu restes quand même un compétiteur dans l'âme. La neurochirurgie, voilà ce qui t'attire. Trifouiller dans les cerveaux ? Éradiquer des tumeurs ? C'est ton dada. Mais tu restes le même homme froid et distant, celui qui se méfie de tous ceux qui l'entourent, sauf un. Une petite part de ta famille, ce fameux cousin qui déclenche des raz-de-marées à chaque fois qu'il entre dans une pièce. Tu ne l'envies pas pour ce qu'il est. Tu le respectes, et ce, malgré vos différends. Après tout tu t'en fiches, à cause d'elle tu sais maintenant ce que c'est d'avoir le cœur brisé, tu sais que tu ne recommenceras pas. Quelle belle erreur, mais, les philosophes de comptoir te diront que ce sont ces fameuses erreurs qui te font avancer. Toi tu leur ris au nez. Tu restes pragmatique, un échec est un échec, point. Tu ne lâcheras pas le morceau avant d'avoir atteint ton but. Ta famille peut-être fière de toi, au fond.

Ne plus tomber amoureux ? Essaye. Ne pas faire honte à ta famille ? Sans aucun problème. T'ouvrir aux gens ? Ils peuvent toujours courir. Tu as une réputation à entretenir. C'est bien Stiles, tu fais la fierté de tes parents, de ta famille. Mais savent-ils tous de toi ? Non, ils savent tes notes, l'appréciation de tes professeurs. Ils ne savent pas que tu aimes charmer les demoiselles avec ta part de mystère, ils ne savent pas que tu as un petit goût prononcé pour le danger, ils ne savent pas non plus que tu as finis par développer un bel ego. Tu as un petit côté sauvage aussi qui ne se laisse pas marcher dessus, tu le sais mais les autres l'ignorent, il t'arrive de partir au quart de tour et d'en venir aux mains.

Mais tout ça tu le caches bien sûr. Pourtant... C'est tout ce qui fait que tu es toi ? Un homme endoctriné par sa famille, rêvant de rébellion mais qui lutte encore. Un homme qui cache tout ce qu'il est au fond de lui, motivé par la compétition, qui apprécie les femmes et qui peut parfois se montrer violent. Tu attises le mystère, mais est-ce vraiment utile ? Tu as des secrets, essaye de les garder bien caché.