Maman, quand Cailloux sera grand, il s'appellera Pierre ?

La maitresse se força à sourire. Elle s'attendait à des éloges, à l'admiration réciproque de ce qu'éprouvait Anastasia pour sa grande-soeur, mais rien. Juste de la franchise sans nom, sans tact envers une petite fille qui avait espéré un peu plus de reconnaissance de la part de sa soeur. Anastasia, mal à l'aise d'avoir une soeur aussi peu sympathique, se força elle aussi à sourire. Elle aurait dû demander à Lisa, c'était un fait, mais elle avait moins de temps qu'Iris, donc elle avait dû faire avec.

- « Merci beaucoup Iris, maintenant peux-tu nous raconter un peu la vie de ta petite soeur ? »

Anastasia voyait déjà sa grande-soeur rouler des yeux. Oui, ça allait la gaver, comme tout ce qui touchait Anastasia d'ailleurs. Pourtant, elle essayait d'être gentille, agréable et de lui porter de l'attention avec l'espoir qu'Iris soit gentille et aimante en retour, comme le serait n'importe qu'elle soeur digne de ce nom. Mais plus elle en faisait, pire c'était, si bien qu'Anastasia nourrissait une crainte envers cette dernière. Néanmoins, elle continuait avec l'espoir qu'un jour, Iris ferait attention à elle et s'en occuperait comme devrait le faire une grande-soeur.

- « Vous savez, Ana' n'a pas une vie extraordinaire, elle est née il y a seulement neuf ans et à part emmerder son monde, elle fait rien d'intéressant. Elle est née à Oxford, comme nous. Elle a un grand-frère quatorze ans plus âgé qu'elle, Dylan. Puis il y Lisa qui a douze ans de plus qu'elle et enfin, moi qui ai neuf ans de plus. A sa naissance, mon père était heureux, ma mère un peu moins parce qu'elle avait déjà assez avec nous. D'ailleurs, Anastasia a été élevée par une nourrice et non pas par ma mère. Mon père, lui, s'en occupait lorsqu'il était présent, lorsqu'il pouvait parce que je crois qu'avec Dylan, c'est le seul qui peut la supporter. Au début, je n'y faisais pas attention, parce que ma mère me prenait tout mon temps. Elle voulait m'apprendre à être une fille parfaite, souriante, magnifique et donc, tout comme elle, je m'en fichais pas mal d'Anastasia. Elle a été dans une école privée, elle a continué à grandir, à aller à l'école. Elle se faisait des amis, c'était la belle vie pour elle je suppose. Quand mon frère a eu dix-huit ans, il est parti à New-York pour ses études. Plus tard, ce fut au tour de Lisa et donc, suite à ça, elle s'est mise en tête de me suivre partout, de faire comme moi alors que je ne pouvais pas la supporter. J'avais  horreur de l'avoir dans les pieds, je voulais juste qu'elle me foute la paix, donc encore aujourd'hui, je bataille pour qu'elle m'oublie. D'ailleurs, un jour je me suis amusée à la perdre dans un labyrinthe que l'on avait dans le fond de notre jardin, elle a mis une heure à s'en sortir et encore, sa nourrice a dû aller l'aider à en sortir et moi, je rigolais de la voir aussi traumatisée. Depuis, elle est un peu claustrophobe. A ses sept ans, elle a commencé la danse classique. Je crois qu'elle aime ça, parce qu'elle passe son temps à danser devant son miroir. Son plus grand souhait, c'est que papa vienne la voir à un spectacle, mais il n'est jamais là, il n'a jamais le temps et donc il les loupe tout le temps. A chaque fois c'est ma grande-soeur et moi qui devons nous taper la corvée des galas de danse. Lisa aime je crois, mais moi je trouve ça d'un ennui mortel. Alors j'espère toujours qu'elle se torde la cheville ou une connerie du genre, comme ça on peut rentrer.

Il y a deux ans, Anastasia a pris l'avion pour la première fois. J'ai cru que j'allais la balancer par le hublot. Elle n'arrêtait pas de pleurer, de crier, de les faire toutes pour ne pas y aller. On se rendait à Miami parce que ma mère s'est mis dans l'idée d'arranger mon mariage avec un gars qui vit maintenant à Miami. Mon père a mis une heure à la calmer une fois sur le sol Floridien. Elle a intégré une nouvelle école, elle s'est fait de nouveaux amis, elle aimait beaucoup Miami si on met de côté le fait qu'elle me suivait comme un petit toutou. Elle a d'ailleurs fait la rencontre de Sasha, qu'elle apprécie beaucoup aujourd'hui. Il y a de cela un petit mois, on a dû partir pour Boston et donc, de nouveau un voyage en avion pour elle. Je vous laisse deviner le cinéma qu'elle nous a fait et aujourd'hui, elle continue à essayer de se faire remarquer par les plus grands, elle continue la danse et sa petite vie si mignonne, mais pourtant si courte... »