Un petit pas en avant peut être le début d'un long voyage > Jae + une personne au choix

Tout le monde cherche un endroit où il se sent bien, où il peut se poser et être en paix, serein. Et dans une ville moderne comme Daejon ou Boston peu de lieux permettent de trouver un peu de quiétude. Si ce n'est chez soit ou des lieux spéciaux. Non je ne suis pas bouddhiste, mais je recherche un peu la paix intérieure. Quand j'étais en Corée, on disait que j'étais un peu fou sur les bords, même mon petit cousin me disait que je faisais peur quand je peignais. J'ai toujours pensé que comme je voyais le monde différemment des autres je me suis mis à penser différemment aussi. Je me suis un peu marginalisé, en fuyant le contact des gens, ne me rapprochant que des personnes qui en valaient vraiment le coup. Je me suis fermé des portes c'est sûr mais d'un côté j'ai cru que c'était pour moi, que ç'a m'aiderait un peu à me sentir  mieux.

D'un côté, c'est vrai que les personnes que j'apprécie vraiment se comptent sur les doigts des deux mains, mais elles sont toutes exceptionnelles pour moi et uniques. Ce sont des gens qui ne cherchent pas à se fondre dans le moule, qui ont leur personnalité propre et qui ne cherchent pas à écraser tout le monde à tout prix. Dans notre monde actuel, c'est quelque chose de tellement rare. Bon je suis loin d'être un exemple de gentillesse, je suis les interactions sociales le plus possible et souvent je préfère me retrouver seul dans mon atelier à ruminer sur mes peintures plutôt que de tailler la bavette pendant des heures. Mais malgré ça ce n'est pour ça que j'insulte les gens dès que je les croise dans la rue. Tout ça pour dire qu'il y a dans la vie des gens, rares et uniques qu'il faut prendre le temps de connaître parce qu'ils peuvent changer votre vie. Dans la mienne il y en a peu certes mais ils sont magnifiques : Seung Joo que je n'avais pas revu depuis un petit bout de temps était l'image même de la gentillesse, Lee Hae mon colocataire est quelqu'un dont je ne pourrais pas me passer aujourd'hui, Alayna et Nicholas aussi font partie de ma vie maintenant et je ne le regrette pas du tout. Et puis il y a Maïa, notre cheffe de confrérie. Même si habituellement le concept de chef a tendance à me refroidir un peu, Maïa n'a rien à voir avec l'image d'un chef qui passerait son temps à donner des ordres. Non, elle gère la confrérie d'une façon magistrale et de plus c'est quelqu'un de très gentille et patiente, quand je peux j'aime bien discuter avec elle de choses et d'autres c'est toujours quelque chose de très agréable.

D'ailleurs, elle bosse dans un salon de thé dans lequel j'aime bien me rendre assez souvent. Je ne suis pas arrivé à Boston depuis longtemps, mais c'est un peu mon point de chute quand je voulais être un peu calme. Soit je m'y pose avec un bouquin, soit avec mon carnet de dessins pour y faire des croquis, mon carnet étant le seul support sur lequel je fais du figuratif. Je voulais d'endroits où on peut chercher et trouver la paix, ce salon de thé est typiquement un de ces lieux-là. Jamais on ne vient vous déranger, au moins ici il n'y a pas de bagarres, ni d'éclats de voix, c'est une ambiance bien plus calme et un état d'âme bien plus serein que les bars de Backbay où il fallait mettre son casque à fond sur les oreilles pour pouvoir s'isoler et où il ne se passait pas un soir sans que ça se fritte. Au moins ici je pouvais rester en paix et boire mon thé tranquille, sans qu'on ne me dévisage pas pendant deux heures parce que je ne commande pas d'alcool.

Et si je devais choisir le meilleur moment pour venir au Cup of Tea, je choisirai la matinée où je suis encore dans les brumes du sommeil et où un réveil progressif et non-brutal est préconisé pour mes nerfs avant d'aller en cours. Il est encore relativement tôt alors que je pousse les portes de l'établissement. Il n'y a pas encore foule et ce n'est pas pour me déplaire, Maïa est au comptoir quand j'arrive, elle s'occupe d'un client, je décide de ne pas la déranger en m'annonçant. J'attendais qu'elle finisse en sortant comme à mon habitude mon petit carnet que je posais sur le comptoir.

Quand Maïa se tourna vers moi je lui souris. « Bonjour Maïa comment ça va ? Et comment va Adan ? Ça fait un petit bout de temps que je l'ai pas vu. »

En effet, Adan, le fils de Maïa était souvent avec elle à la confrérie et comme je n'habitais pas là bas je ne voyais pas souvent le petit bout d'chou. « C'est pas trop dur ce matin ? Je te prendrai un grand thé noir au miel s'il te plaît » demandais-je, même si je me doutais bien que depuis le temps elle connaissait ma commande par coeur.

Une fois servi je la remerciais et je me plongeais dans mon carnet en me demandant ce que j'allais bien pouvoir dessiner aujourd'hui, j'avais presque tout dessiné dans ce salon, les clients, le lieu en lui même. Alors que je me creusais la tête pour trouver, mes yeux se posèrent sur Maïa, je ne sais pas pourquoi mais les idées fusèrent et mon crayon commença instantanément à gratter le papier. Tout d'un coup l'inspiration était là et je ne faisais plus attention à ce qui passais autour de moi, je dessinais essayant d'encrer dans ma tête les traits de Maïa pour que le dessin soit le plus fidèle possible. Je n'avais plus conscience du temps, ni des gens tellement j'étais dans ma bulle en espérant que personne ne viendrait la briser avant que je ne termine mon dessin…