Logic will get you from A to B. Imagination will take you everywhere — Hazel

Je ne suis pas une globe-trotteuse, j’aime la stabilité, mais parfois il faut faire des choix et des sacrifices. Le mien aujourd’hui est de laisser la Suède derrière moi. C’est pas simple, mais j’y crois, je suis optimiste. Je connais l’Amérique par les livres, via Internet et de part les images. C’est grand, c’est beau, c’est presque irréel, mais c’est différent. Je n’ai pas l’âme d’une aventurière, mais je me doute que je devrais faire preuve d’adaptation. Je devrai prouver que je suis là pour avancer et passer à autre chose. J’ai promis à mes parents de ne pas rester enfermée dans mes livres, dans la musique ou dans le stylisme qui est ma passion. J’ai promis de m’ouvrir, mais de faire attention à moi, je voudrais rencontrer des gens, me construire tout doucement mais ce n’est pas aussi simple. Je suis une jeune fille ennuyante, parce que je n’aime pas forcément les mêmes choses. Je ne suis jamais sortie en boite, je ne bois jamais d’alcool et je ne fume pas. Certes, le stylisme est important pour moi, mais je n’aspire pas non plus à devenir une grande créatrice de mode comme le sont Vivienne Westwood ou Donatella Versace, ou comme l’était Coco Chanel et Nina Ricci. Je veux juste avoir mon petit monde, ma petite bulle et faire ce que j’aime sans gagner des millions, sans être célèbre, sans non plus devoir parcourir le monde à la recherche de la gloire.

Je ne cours pas les rues à vouloir dépenser le moindre dollars que je possède, je ne saute pas partout, je ne cours pas après le temps, je suis assez calme et je ne parle pas pour ne rien dire. Je n’aime pas non plus parler de moi, parce qu’il n’y a pas beaucoup à en dire. Je ne fais pas partie de ces filles qui savent qui elles sont, ce qu’elles valent. Je ne leur en veux même pas, je pense qu’il en faut, des filles comme elles, mais moi ce n’est pas mon cas. Je suis simple dans ma tête, je suis simple physiquement et j’ai mes propres pensées. Mon point fort reste la créativité. J’aime créer, j’aime laisser mon esprit divaguer, j’aime le faire parler à travers le tissus, à travers les cordes de ma guitare. Picasso a dit un jour que le problème pour un enfant était de rester artiste une fois adulte: moi je prends ça pour un défi et un challenge. Pas très glorieux ni très courageux je vous l’accorde, mais pourquoi prendre des risques alors qu’on n’a qu’une vie ? On peut vivre simplement sans forcément jouer avec sa propre vie et celle des autres et je vous promets qu’on peut même s’épanouir.

J’ai un problème, je suis naïve. J’ai tendance à me faire des films rapidement bons ou mauvais, mais plus souvent bons que mauvais. Je me hâte parfois trop tôt alors que rien ne prouve la réalité, rien ne me prouve que ce que j’espère se réalisera. Ca me joue des tours, parce qu’aussitôt je tombe de haut. Il me faut un petit temps pour me remettre en question, pour réaliser que c’est de ma faute, que je n’aurais pas dû prendre les choses trop à coeur. Mes parents ne cessent de me dire de faire attention, d’arrêter de fabuler trop facilement parce que je me raccroche à tout ça et puis je suis déçue. Ca ne m’enlève jamais le sourire trop longtemps ; je suis optimiste et je me relève à chaque fois, mais je ne suis pas intouchable pour autant.

Quand j’étais petite, j’aimais que mon père m’emmène faire des balades en chien de traineau à la recherche des aurores boréales. C’est un phénomène que l’on voit souvent chez moi et je me surprenais à me coucher dans ce grand manteau blanc, admirant les aurores faire leurs danses kaléidoscopiques. Enfant, je pensais que c’était l’au-delà qui essayait de nous transmettre des messages. C’était magique, parfois j’ai encore envie de croire que là-haut, les êtres qui nous sont chers essaient de nous dire ô combien ils nous aiment. C’est complètement niais, mais ça aide à accepter certaines disparitions.

Ca ne vous étonnera pas vraiment, mais ma saison préférée reste l’hiver. Certes il fait froid, chez moi il fait près de -40 degrés Celsius, mais c’est à cette saison que tout change, que la Laponie prend une grande importance. En hiver, tout est calme et immobile, les nuits polaires sont les plus belles, mais les plus froides et pourtant je ne m’en lasse jamais. En janvier, le soleil ne se lève jamais et de février à la mi-mars, il ne fait clair que sept ou huit heures et puis en été, c’est le soleil de minuit pendant deux mois et jamais on ne voit la nuit tomber. C’est magique et en plus ça porte bonheur aux amoureux. J’aime mon pays et je crois que la vie à Boston va me changer. Je n’ai jamais vu de plage, je n’ai jamais pu observer de coucher de soleil assise sur le sable avec le va et vient de la mer. Je rêve de connaitre ça un jour. Chez nous, on a le Kaamos  qui est un temps où la lumière polaire offre un spectacle étonnant, où le ciel est bleu quand on regarde au nord et rouge dans le sud. Tous les jours vers 2 heures de l’après-midi, il arrive un moment bleu où tout, le ciel, la neige, devient bleu pendant 15 minutes. Ce phénomène naturel unique ne se produit qu’ici et ne peut se rencontre nulle part ailleurs dans le monde. Vous comprenez aussi que j’aime la montagne, puisque je ne connais pas la mer. J’ai appris à y faire des randonnées et même de l’escalade. Je ne suis pas une alpiniste de compétition, mais tous ces sports d’hiver me plaisent et font de ma vie une véritable partie de plaisir.


J’aime ma famille et je suis une personne qui a tendance à être protectrice envers eux. Je ne cherche pas à être meilleure que ma soeur, parce qu’elle est miss parfaite et ça a le don de m’énerver. Ce n’est pas de la jalousie, c’est juste que depuis vingt ans, elle ne cesse de se comporter comme ça et on ne sait pas l’arrêter. Elle aime bien montrer que je ne vaux pas beaucoup à côté d’elle, mais on s’y fait avec le temps. Avec les garçons, je suis un peu plus réservée. Pas timide au point de ne pas oser leur adresser la parole, mais je n’ai pas la tchatche facile non plus. J’ai déjà eu des histoires d’amour dans ma vie, mais ça n’a jamais duré très longtemps. Sans doute que j’en attendais trop pour pouvoir vraiment être épanouie. Je n’aime pas précipiter les choses et les histoires d’un soir ne me disent rien. Je veux avoir confiance et malheureusement, j’ai confiance trop facilement. J’espère un jour tomber sur celui qui me prouvera qu’on peut encore croire aux belles histoires et qui m’épanouira. Peut-être que j’ai un caractère pas facile entre mon côté râleuse et fabulatrice. Peut-être que je suis un peu trop jalouse aussi, que je suis parfois un peu trop franche. Je ne sais pas, j’aimerais comprendre, un jour…