Sujet: Don't get too close, it's dark inside ♪ || Carry Jeu 24 Déc - 9:03
La première fois que je l'ai croisé, c'était un matin en allant à mon cours de finances. Je l'avais aperçu parmi ces robots humains s'empressant de ne pas arriver en retard en classe. Au début, je ne l'avais pas reconnu, car elle était de dos et que je n'avais vu que sa chevelure brune. Puis, la jeune fille s'était retournée pour dire dire quelques mots à la personne à côté elle, ce qui m'avait permis de réaliser que c'était bel et bien Carry Chainsaw. Mon cœur avait fait un bond dans ma poitrine. Ce n'était pas le genre de bond qu'on ressentait quand on croisait une ex pour laquelle on avait encore des sentiments pour elle. Non, c'était plutôt un bond qui signifiait "oh putain qu'est-ce que je fais ? Je vais la voir ou c'est préférable que je l'évite ?" Au final, j'avais choisi la deuxième option, changeant de couloir afin de me rendre à mon cours.
Presque un mois s'était écroulé depuis l'incident et je persistais à jouer à cache-cache. Peut-être qu'elle m'avait trouvé depuis longtemps, mais qu'elle faisait aussi semblant d'être aveugle. Dans ce cas, il était fort possible que Carry ait encore une dent contre moi et que je ne devrais pas m'en approcher. En même temps, je ne gardais pas un beau souvenir d'elle. Cependant, je n'étais pas très rancunier et puis, la jeune fille semblait… quelque peu différente. Elle ne ressemblait plus à cette horrible image qui donnait envie de l'aider, car on avait pitié d'elle et de son sort. Je gardais un mauvais souvenir d'elle qui me faisait frissonner rien qu'à y penser. En réalité, j'avais plus peur de sa réaction que de sa personne.
Ce matin, j'avais un examen à passer avant le dîner, alors je profitai de mon temps libre pour réviser à la bibliothèque. J'avais beau être trempé dans les mêmes sujets depuis deux ans, j'avais encore des difficultés à relire mes cours. Pas que j’étais nul en finances, mais je ne trouvais simplement pas la motivation à étudier. Même si je finissais par avoir de bons résultats, je n’arrivais pas à m’en réjouir étant donné qu’aucun intérêt était ressenti à l’égard de mes classes. Néanmoins, je faisais des efforts parce que j’avais une grosse responsabilité qui allait avec. En effet, je ne pouvais diriger une compagnie importante si je n’avais aucunement les connaissances pour. Heureusement que l’assistant de mon père était là pour me montrer les ficelles du métier. Je n’étais pas très partisan des méthodes sournoises qui suivaient le boulot, mais je m’étais dit qu’à force de tremper dans la sauce, je finirais par m’y habituer.
C’était lorsqu’on vivait sous ses responsabilités pesantes qu’on commençait à regretter de ne pas avoir pu profiter de la vie. Pourtant, j’avais passé une grande partie de mon adolescence à m’amuser et à faire comme tout bon me semble jusqu’à temps que mes proches décident de m’arrêter parce que je perdais la tête. J’avais fait beaucoup de choses et encore, j’avais l’impression de ne pas en avoir fait assez. Je n’arrivais pas à expliquer d’où venait ce sentiment et je comprenais encore moins la raison pour laquelle je la ressentais. Elle était simplement là. Des regrets et encore des regrets à n’en plus finir. Malgré le fait que je dirigeais une compagnie, je restais jeune avant tout. J’étais à l’université, me rendais à plusieurs soirées, rencontrais différentes femmes. Pourtant, je m’entêtais à rester nostalgique alors que j’avais encore la vie devant moi.
L’examen avait été soit trop facile soit hyper difficile. J’avais répondu aux questions beaucoup trop rapidement, ce qui me faisait douter de la pertinence de mes réponses. J’étais sorti de la salle il y a 10 minutes et j’avais déjà oublié l’intégralité du contenu de ce test. Tout ce dont je me rappelais, c’était que mon ventre avait crié famine pendant une bonne heure et que j’avais été stupide de passer un examen sans avoir avalé un repas. Je me dirigeai vers le resto de l’université afin de me prendre quelque chose à grignoter. La bouffe de cet endroit était dégueulasse, mais en ce moment, je pouvais manger n’importe quoi. Je me pris un simple sandwich au poulet et m’installai à une table vide. Je pianotai sur mon téléphone tout en prenant des bouchées de temps à autre.
Alors que je m’apprêtai à quitter le bâtiment, j’aperçus une nouvelle fois Carry au milieu du couloir. Cette fois-ci, elle était seule et se rendait je ne sais où. Sur le coup, je ne savais pas du tout comment réagir. Devrais-je la laisser partir ? Ou l’arrêter ? Logiquement, je ne devrais pas faire le premier pas et c’était à elle de s’expliquer en premier. En même temps, elle ne m’avait peut-être pas remarqué et c’était moi qui donnais l’impression de fuir. Le problème entre elle et moi ne pouvait plus rester en suspend. Des années avaient passé depuis, nous étions tous les deux assez matures - enfin je l’espérais - pour entretenir une conversation décente, sans s’arracher les yeux.
Ayant cette pensée en tête, je saisis brusquement le bras de Carry et la conduisis hors du bâtiment. Il y avait beaucoup moins de monde à l’extérieur et malgré le temps un peu frisquet, nous pouvions discuter tranquillement. Carry se dégagea brusquement de mon emprise et je m’excusai aussitôt.
« Je sais pas pourquoi, mais j’ai peur que tu me donnes un coup de poing. »
Comme pour appuyer mes mots, je plaçai mes mains devant mon visage en guise de protection, puis finis par les relâcher.
« Ça va ? Ça fait… longtemps. Je suis très surpris de te voir, surtout que t’as beaucoup changé depuis le temps. Je savais pas trop si tu m’avais remarqué ou non, alors j’hésitais avant de m’approcher de toi. Si tu comptais ignorer mon existence, j’imagine que c’est raté ? »
Carry Chainsaw
Kappa Pi
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Iris • Amie d'enfance devenue connaissance
Ashton • Rat de laboratoire, binôme de programme psychologique
Mike • Ancien compagnon de fugue
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Sujet: Re: Don't get too close, it's dark inside ♪ || Carry Lun 28 Déc - 11:59
Journée de merde. Ambiance de merde. Et surtout, humeur de merde. Et ça, c'était le pire qui pouvait arriver. Carry s'était levée du mauvais pied, et ça ne datait pas que de ce matin là. Ça faisait une petite semaine qu'elle se bougeait au ralentit, qu'elle râlait, qu'elle jurait, qu'elle soupirait à longueur de journée et qu'elle ne voulait plus voir personne. Déjà qu'elle n'était pas très sociable d'ordinaire, c'était carrément devenu l'ours de la faculté. Plus de contact, une aura maléfique et un esprit plus que déprimé. Les fêtes de Noël arrivaient, l'ambiance qui allait avec aussi, mais loin de ses frères et de sa mère, elle n'avait pas franchement la tête à faire quoi que ce soit. D'ailleurs, elle évitait de trop y penser, et se concentrait sur ses cours quand elle ne pensait pas à d'autre truc comme sa guitare, le chieur qu'était Ashton et le programme psychologique qui les liait ou même Adam. Adam, le tombeur. Adam, l'indépendant. Adam, le toutou de Chelsea. Cette fille était une vraie plaie, et elle ne pouvait plus la supporter. Elle avait de la peine pour le jeune homme, qui devait se la coltiner. À la soirée des Delta Gamma, elle s'était empressée de jouer les filles vulgaires en lui dévorant la bouche devant les yeux de la jeune australienne qui n'avait pu s'empêcher de jouer les parfaites grandes gueules et de lui faire la tête au carré. Sur des mots relativement poignants, elle les avait laissé tous les deux à leurs affaires. Connasse.. Rien qu'à y repenser, cette fille lui donnait envie de vomir, et c'était pas vraiment le moment.
Les heures passaient avec une lenteur affolante et elle ne pouvait se résigner à la journée qui lui restait à vivre. C'était juste impossible. Aujourd'hui, elle n'était vraiment pas d'humeur et tout le monde semblait l'avoir compris. Ça se voyait sur sa tête qu'il valait mieux lui foutre la paix, et les gens qui la connaissaient se contentaient de lui sourire rapidement. Ils savaient qu'elle viendrait quand elle voudrait, parce qu'elle était comme ça. Ne pas la faire chier, c'était le mot d'ordre. Agacée, fatiguée et tout ce qui allait avec, elle prenait des notes de si de là et lorsque la sonnerie retentit, elle fourra toutes ses affaires dans son sac et disparut parmi les premiers pour rejoindre une autre salle. P'tain ... Attrapant son téléphone, elle jeta un oeil à son emploie du temps pour s'assurer du cours qu'elle allait suivre. L'observation ne lui inspira qu'un long soupir, avant de lever les yeux au ciel et de foncer pour éviter la foule et le monde. Elle n'aimait pas ça. Se faire tamponner, percuter, envoyer balader. Le pire, c'était surement ceux qui râlaient alors qu'ils étaient les coupables. Une bonne source d'emmerde et franchement vu son état, c'était tout ce qu'il fallait éviter. Et c'était ce qu'elle faisait à merveille. Rejoignant un autre cours, elle s'installa et passa l'heure sur son portable avant de prétexter une douleur et un besoin d'aller à l'infirmerie. Avec un prof qui s'en fou, il est facile de disparaitre et s'il y en avait bien une qui profitait, c'était elle.
Manger avant tout le monde ? Bien évidemment. Le calme du restaurant du campus était préférable à l'agitation qui l'habitait alors qu'un tas d'abrutis s'y précipitaient. Elle détestait ça, comme elle détestait être dérangé. Rapidement, elle s'installa, un plat de pâte réchauffé sur le plateau et plus de bout de pain qu'il n'en fallait normalement. Elle savait d'avance que ça n'allait pas être bon, alors prendre des précautions, elle en avait l'habitude. Et aujourd'hui aussi, elle avait eu raison. Le goût des pâtes lui faisait honte. Elle n'en avait jamais mangé d'aussi déguelasse et elle se précipita sur le pain pour se remplir au moins un peu l'estomac. C'était vraiment de la merde et elle trouvait ça nul qu'on puisse servir des trucs pareils même à des étudiants. Oui, même à des étudiants. C'était bien connu qu'ils n'étaient pas les meilleurs quand il s'agissait d'alimentation mais tout de même, ils n'étaient pas aidé. On ne pouvait pas dire que l'université et même les institutions inférieurs servaient à leur bonne nutrition. Loin de là. Très, très loin. Quant à Carry, il n'y avait que chez elle qu'elle pouvait vraiment parler de manger. Elle n'était pas des plus douées en cuisine mais elle se débrouillait comme elle pouvait. C'était sur que ses pâtes à elle, étaient bien meilleures que celles qui étaient dans son assiette. Elle perdait du temps, et à trop en perdre, on finit par ne plus en avoir. Il fallait qu'elle sorte, qu'elle bouge, qu'elle se motive et arrête de se morfondre.
C'était fou la vitesse à laquelle le temps passait alors qu'on voulait qu'il ralentisse et inversement. L'idée de devoir se rendre en cours pour tout le reste de l'après midi, ça la tuait. Et pourtant, elle le devait bien. On ne pouvait peut-être pas parler de résolutions mais tout de même. Depuis son arrivée à Boston, elle avait choisi de laisser derrière elle un tas de truc, comme les conneries qu’elle avait pu faire, l’alcool, la drogue, le sexe et le délaissement de ses études. Elle avait choisi de tourner une page et d’en commencer une nouvelle qui n’était pour l’instant qu’un peu mieux que la précédente. Il fallait dire que tout n’était pas bien rose non plus. Entre Kyle qui débarque et qui doit repartir d’urgence à cause de leur père, Chelsea qui, on dirait, s’est fixé pour objectif de lui pourrir la vie et surtout l’enlèvement, elle en vivait des choses et le kidnapping avait laissé en elle des traces importantes, dont l’une s’appelait malheureusement Ashton Myers. Et malgré tout cela, elle n’était pas prête à se laisser abattre, même s’il fallait avouer que psychologiquement, elle était devenue quelque peu fragile. Et la violence de l’étreinte mêlée à la surprise l’avait surprise et tous ces sens s’étaient mis en alerte. Quelqu’un la tirait de force à l’extérieur et elle n’aimait pas ça, du tout. Tout était prétexte à avoir le pire, surtout quand le pessimisme fait partie intégrante d’une personne. Elle ne l’avait pas vu arrivé, ne l’avait pas entendu, n’avait même pas pensé que cela pouvait être possible mais une fois qu’elle se sentit le courage de le faire, elle donna toute la puissance qu’elle put à son bras et se détacha de l’inconnu, s’arrêtant net. Son regard était dur, et son visage tout entier légèrement crispé. Puis c’est l’étonnement qui s’empara de son corps. Impossible … Et pourtant .. Il était là.
« Je sais pas pourquoi, mais j’ai peur que tu me donnes un coup de poing. »
Un coup de poing ? Seulement ? Il minimisait vraiment les risques celui là. Lui faire une frayeur pareille, la trainer comme ça, comme si elle était à sa disposition, il méritait beaucoup plus, ce con. Il aurait mérité, avant. À l’époque, surement. Il aurait eu droit à un tas d’insulte, des critiques, des cris, des reproches, mais plus maintenant, plus aujourd’hui. Elle le savait et lui aussi. Et puis, elle était beaucoup trop surprise pour réagir de cette manière. Depuis combien de temps, n’avait-elle pas pensé à lui ? Oui, la trahison était restée longtemps dans sa tête et même dans son coeur mais avec le temps, et avec la drogue, elle avait oublié, comme d’autre chose aussi. C’était les effets, avantageux ou pas mais les conséquences étaient rarement positives. Dans tous les cas, elle ne savait pas trop comment réagir et eut un petit mouvement de recul alors qu’il enlevait les mains de devant son visage. Mike était là. Mike était revenu, ou peut-être était-ce elle mais enfin, ils allaient pouvoir discuter, depuis tant d’année. C’était ce qu’il fallait, ou du moins, elle le supposait mais n’y mettait pas grandement du sien puisque c’est lui qui avait du entamer la discussion. Elle baladait son regard sur lui, pour remarquer comme lui, n’avait pas tant changé que ça. Le même asiatique qu’avant. Peut-être un peu plus grand. Ou beaucoup, elle ne savait pas trop. Il était vrai que ça faisait longtemps et qu’elle aussi avait changé. Depuis leurs seize ans, ça en faisait de l’évolution.
« Je .. Ça va, oui .. Et, tu peux avoir peur ouais. Te pointer comme ça, pour .. Pour quoi en fait ? » Ouais, pourquoi ? On ne pouvait pas dire qu’ils s’étaient quitté en bon terme, et puis elle ne voyait pas ce qui lui avait donné la motivation -pour ne pas parler de courage- de l’affronter. Il la connaissait bien, il savait comment elle pouvait être mais au delà de ça, il avait fait l’effort. « T’ignorer ? J’ai passé l’âge, tu sais … J’ai plus que ça à penser. Je t’ai juste pas vu. Faut dire que y’en a des bridés dans le coin. J’serais incapable de te dire si on s’est déjà croisé ou pas .. J’suis jamais très attentive dans les couloirs. Je pensais pas que .. tu trainais ici.. Étudiais, plutôt. On traine plus, hm ? » Elle ne savait pas pour lui, mais pour elle, c’était sûr, c’était fini. « Enfin ..Toi, t’as jamais beaucoup trainé, pas vrai Mike ? » Un petit sourire étira le coin de ses lèvres. « C’est vrai quoi .. La seule fois, t’es vite rentré chez toi, tu t’souviens ? » Il se souvenait forcément. « T’as suivi les traces de ton père ou t’as tenté de jouer les rebelles, un peu ? » Elle n’était pas très au courant de sa vie, depuis leur dispute, voir depuis jamais en fait. « Moi j’ai continué, j’ai dévié, j’ai déconné et maintenant, j’suis là. » Elle en avait fait du chemin, et elle ne doutait pas que lui aussi. Elle était étonnée. Étonnée de ne pas trop savoir quoi penser face à ses retrouvailles. « Tu … T’as des cours cette après midi ou, du temps libre ? Je pense qu’on a beaucoup à se raconter, hm ? » Elle le pensait vraiment et si elle pouvait s’éviter une après midi de cours dans la semaine juste avant les vacances, c’était volontiers.
Sujet: Re: Don't get too close, it's dark inside ♪ || Carry Dim 31 Jan - 5:48
Quand j’avais 16 ans, j’étais certain qu’on allait me retrouver raide mort dans une ruelle à la suite d’une overdose. Cette idée ne me faisait aucunement peur tant j’étais persuadé que c’était ma destiné. Parfois, lorsque je me trouvais au bout d’une table avec 10 paires d’yeux d’hommes en costume cravate posées sur moi, j’avais du mal à croire que j’avais hérité d’une vie pareil. Après avoir quitté le lycée, alors que mon entourage ne cessait de me demander dans quoi j’allais me lancer à l’université, je me retrouvais toujours devant une impasse. J’avais l’impression de me trouver en plein milieu d’un épais brouillard et donc de ne pas savoir si j’étais rendu au bord d’un précipice ou pas. Ces gens devaient voir mon avenir en grand. Selon eux, je devais entamer une carrière en droit ou en commerce, histoire de maintenir le prestige familial. Quant à moi, j’en avais horreur. Je préférais de loin avoir une vie tranquille loin de la prestance et du prestige. Ce monde était plutôt bâti pour mon frère. Nous avions beau avoir le même sang qui coulait dans nos veines, nos idéologies étaient aussi distinctes que le jour et la nuit. À force d’avoir toute cette attention sur lui, il brillait toujours de plus en plus tandis que j’étais quasiment une ombre transparente à côté de lui. Pourtant, il était bourré de défauts mais il était plus facile de croire que Dieu incarnait la perfection. Il était imbu de lui-même, colérique et pire que capricieux. Or, on le lui pardonnait parce qu’il était beau, riche et intelligent. Au début, je n’y faisais même pas attention, jusqu’à même tomber sous son charme comme tout le monde. Sauf que quand t’as 13 ans et que ton père profite de toutes les occasions pour te répéter que t’es de la merde comparé à ton frère, tu commences à te remettre en question. C’était à partir de ce moment que j’avais abandonné la danse et avais commencé à bien me comporter dans le but d’être à la hauteur. Néanmoins, quoique je fasse, mon frère finissait toujours par me surpasser. Alors je m’étais mis à le haïr pour avoir refusé de me donner une chance. Je détestais aussi mon père pour avoir agi comme s’il n’avait qu’un seul fils. Je maudissais ma mère et ma soeur pour ne pas avoir pris le temps de prendre ma défense. J’avais même fini par avoir horreur de moi-même car, comme mon paternel aimait si bien le dire, je ne servais à rien et n’irais nulle part dans la vie.
Alors je m’étais mis à haïr le monde en général. Je n’étais pas souvent à la maison et encore moins à l’école. Je délaissais tout autant ma famille que mes amis, passant mon temps à errer seul dans les rues folkloriques de Boston. Mes mauvaises rencontres s’amplifiaient à mesure que mes escapades en solo s’achevaient. Je me trouvais sur un nuage rose 24 heures sur 24 et la seule que je connaissais vraiment était Mary Jane. J’étais bourré à tellement de fréquence que j’avais de gros trous de mémoire quand j’essayais de me remémorer mon adolescence. Chose certaine, je me rappelais tout autant de ma première rencontre avec Carry que le dernier jour où on s’est laissé. Mais je ne saurais décrire en détail tout ce que l’on avait accompli à deux étant donné que j’étais rarement sobre à l’époque. Or, quand j’avais entraîné Carry jusqu’à l’extérieur du bâtiment, le contact avec sa peau a fait raviver les derniers moments qu’on avait eus ensemble. À force de la regarder et que les souvenirs s’éclaircissaient, je pouvais presque ressentir la colère me picoter la peau. Je m’attendais aussi à ce que la jeune fille soit outragée par mon geste et qu’elle déferle son mécontentent sur moi.
« Attends, tu me demandes pourquoi ? Tu crois sincèrement que j’allais passer à côté de toi sans rien dire ? Je peux pas vraiment jouer aux inconnus avec toi. »
Qu’elle le veuille ou non, Carry avait quand même réussi à marquer ma vie et même si elle me détestait, je ne pouvais simplement pas effacer son existence de ma cervelle. Même à ça, je n’avais jamais essayé de la recontacter ni de la revoir. Alors si ce n’était pas le fait que nous nous trouvions au même endroit par hasard, je ne l’aurais jamais revu.
« J’aurais aimé trainer mais non, je suis obligé d’étudier. Ça t’étonne ? Ça m’a pris du temps pour m’y faire mais je m’en sors plutôt bien. Et toi ? T’es bien la dernière personne que j’aurais imaginé rencontrer dans une université. »
Je pinçai mes lèvres face à sa remarque et passai nerveusement une main dans mes cheveux.
« Nooon, tu m’en veux encore depuis ce jour-là ? Si je viens te voir aujourd’hui, c’est parce que je suis loin d’être rancunier, envers toi en tout cas. Enfin, je fais un peu de mal à mon orgueil, mais je pensais sincèrement que t’étais passé à autre chose. »
De toute façon, nous avions tous les deux quelque chose à nous reprocher dans cette histoire.
« Il est décédé alors j’ai été obligé de reprendre les reines. J’aurais bien tenté autre chose sauf que je n’ai pas vraiment eu le choix. »
J’avais fait une grimace à la mention de mon père. Décidément, j’avais beau vouloir ne pas penser à lui, il revenait sans cesse à la surface. Alors que Carry me questionnait sur mes disponibilités, j’avais sorti mon téléphone pour regarder l’heure. Je n’avais pas cours avant demain après-midi et avais une rencontre à assister vers 17 heures, ce qui me laissait largement le temps pour discuter un peu avec elle.
« Ma voiture est à deux minutes d’ici alors si t’as pas peur que je te kidnappe, je peux t’emmener boire un café ou nous conduire vers quelque part de calme, comme tu veux. Je trouve que parler devant une école, c’est un peu déprimant, non ? »
À mes mots je me dirigeais vers le parking de l’établissement, Carry suivant mes pas.
« Alors, qu’est-ce qui t’a amené à Boston ? »
Je déverrouillai ma voiture et invitai Carry à prendre place sur le siège passager. Quelques instants plus tard, je mis l’engin en route.
« J’ose espérer que t’aies changé depuis le temps. En tout cas moi, je me suis repris en main. Certes, par force mais aujourd’hui je regrette pas d’avoir laissé cette tranche de ma vie derrière moi. Ça aurait pu très mal finir. »
À un feu rouge, je me retournai vers elle et croisai longuement son regard.
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Sujet: Re: Don't get too close, it's dark inside ♪ || Carry